La chaîne, qui ne fait nulle part mention de ses actionnaires (la famille royale du Qatar), se présente comme « un média en ligne pour les générations connectées et ouvertes sur le monde qui traite de façon inclusive les problématiques des sociétés contemporaines« . Il serait sage de ne pas les croire sur parole.
Extrait de l’article original de Hadrien Mathoux pour Marianne :
Lancé en décembre 2017 en France, ce nouveau média s’adresse aux « générations connectées et ouvertes sur le monde ». Mais derrière la façade progressiste, AJ+ est surtout une succursale d’Al-Jazira, la chaîne télé détenue par la famille royale du Qatar. Une allégeance troublante, surtout quand on se penche sur le contenu de ses vidéos (…)
Dans une certaine mesure, le média fonctionne comme une sorte de « Fdesouche » à l’envers : à l’instar du site d’extrême droite, il nourrit un fil d’actualité obsessionnel (…)
Régulièrement, le média fait davantage que relayer des informations : il livre des analyses politiques. En décrétant qu’un sujet fait polémique pour le traiter avec des interlocuteurs militants ne venant que d’un seul camp, AJ+ prend position. Mais là où les médias engagés affichent la couleur, AJ+ se planque. Sur la forme, les vidéos mises en ligne par la chaîne ressemblent comme deux gouttes d’eau aux contenus « pédagos » publiés par des médias comme Brut ou Le Monde, aux prétentions objectives. Et rappelez-vous, officiellement AJ+ n’est qu' »un média qui traite de façon inclusive les problématiques des sociétés contemporaines ». (…)
Or, dire d’où l’on parle voire assumer son parti pris, c’est ce qui différencie un média engagé… d’un organe de propagande. Même si AJ+ ne l’explicite jamais, il devient évident à force de le lire que le média est vecteur d’un engagement politique. (…)
L’expérience AJ+ montre en tout cas qu’après Russia Today et Sputnik News, les grandes puissances étrangères adeptes de la propagande ont bien compris l’intérêt de le faire de l’intérieur, en investissant le paysage médiatique français.
Article original de Hadrien Mathoux à retrouver sur le site Marianne.net
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