La « décentration » (capacité d’un individu à adopter un point de vue qui n’est pas le sien), aptitude primordiale pour se forger une pensée critique authentique, face aux « bulles de filtre » et autres « biais d’appartenance ».
« Les positions à propos desquelles nous sommes les plus aveugles sont les nôtres. (…) Après discussion au sein de « groupes d’appartenance », les individus ont tendance à affirmer des opinions encore plus tranchées et polarisées qu’avant d’avoir échangé. Autrement dit, la corroboration sociale amène les gens à être plus confiants et moins nuancés envers leurs propres opinions, et donc moins aptes à les remettre en question et en perspective.
(…) La structure même des médias sociaux pose question dans la mesure où tant les dispositifs techniques (les algorithmes) que leurs usages ont tendance à renforcer ces « chambres d’écho » ou « bulles de filtre » dans lesquelles les personnes sont « enfermées » en grande partie à leur insu. Il s’agit de bulles relationnelles et informationnelles qui font qu’un individu n’est exposé qu’à certaines infos et à certains points de vue (auxquels il adhère a priori), et pas aux autres.
(…) Cela pose non seulement la question de l’uniformisation de l’information, mais aussi celle de l’uniformisation de la consommation de cette information au sein de groupes identitaires.
(…) Cette capacité d’ouverture à l’opinion d’autrui me semble être l’un des fondements d’une pensée et d’un dialogue constructifs. Il s’agit même d’une condition de l’apprentissage, au final : si une personne est incapable de changer ses représentations initiales erronées par le « nouveau savoir », elle est incapable d’acquérir des connaissances.
Lien vers l’article vers le blog Philomédias de Julien Lecomte
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