Extrait de l’intervention de Pierre Lefébure (Université Paris 13) concernant l’importance de la connivence en matière d’humour :
« Quand on a des contenus qui détournent la réalité, on réintroduit une grille de lecture qui oblige à se poser la question du rapport au réel. On dit l’inverse de ce qu’on pense, mais on a un certain nombre de marqueurs de connivence avec son auditoire pour lui faire comprendre ce décalage. Pour que ça fonctionne, cela suppose une intégration du public et un effet de communauté », poursuit-il.
Or, si internet et les réseaux sociaux sont parfois supposés renforcer le concept de communauté, lorsqu’un contenu devient viral, ils la font au contraire exploser. Et c’est dans cette viralité que le risque se situe. « Avec internet on s’expose toujours à un facteur de risques : jusqu’à quel périmètre va s’étendre l’auditoire par rebonds successifs ? L’aspect de connivence avec l’auditoire, essentiel pour que l’humour fonctionne, devient de moins en moins contrôlable. Ça ne veut pas dire que l’émetteur ne maîtrise pas le contenu, mais par contre il ne maîtrise pas toujours son impact, ni l’extension de son audience. Et c’est là qu’il y a des zones de crises ».
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